En France, près de 330 000 mineurs sont pris en charge au
titre de la protection de l’enfance. 170.000 sont placés dans des structures
dédiées, mais les places manquent, même quand il y a urgence.
Qu’ils soient juges pour enfants,
référents de l’Aide sociale à l’enfance (ASE), éducateurs, médecins de la PMI
ou assistantes sociales, ces professionnels oscillent entre désarroi, fatalité
et colère. Ils dénoncent les défaillances d’un système à bout de
souffle : manque de place, de structures, de familles d’accueil, manque
d’effectif, de travailleurs sociaux, de formation, manque de temps pour
accompagner les enfants ou contrôler ceux qui les accueillent, manque d’argent
car l’ASE relève des départements, qui n’en font jamais une priorité.
En 2022, le gouvernement a
rappelé les départements à leurs responsabilités, dans une loi censée améliorer
les conditions de repérage, d'accueil et d'accompagnement des enfants relevant
de l’ASE. Mais les décrets d’application tardent et on est encore loin d’une
réforme en profondeur, comme les professionnels du secteur le réclament.
Et pourtant, les
statistiques parlent d’elles-mêmes : un sans domicile fixe sur quatre est
passé par l’ASE, 30% des mineurs délinquants sont d’anciens enfants
placés. Il y a aussi la mort d’enfants qui auraient dû être retirés de
leur famille ou d’adolescentes placées dans des lieux inadaptés, faute de
place.
Pour empêcher ces tragédies, la
loi de 2022 qui commence à être appliquée, prévoit l’accompagnement des 18-21
ans, au lieu d’une sortie sèche des dispositifs à leur majorité. Elle interdit
aussi les placements à l'hôtel pour les mineurs. Elle systématise le contrôle
des antécédents judiciaires des professionnels et des bénévoles qui
interviennent auprès des enfants, car les affaires de maltraitance, de
violences sexuelles ont aussi terni l’image de l’ASE. Au point que le
recrutement de travailleurs sociaux est devenu un casse-tête, tout comme le
renouvellement des familles d’accueil.
"Aide sociale à l'enfance,
République en souffrance", reportage de Faustine Calmel.
Le reportage de France Inter disponible en podcasts
ici : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/interception/interception-du-dimanche-21-avril-2024-5098977